Compte à rebours

Dans moins de trois semaines, le Conseil de Ville débattra de «Substance 2030» et du Budget 2023. Les enjeux sont énormes. Petit tour d’horizon non exhaustif des forces en présence.

Mercredi 19 et jeudi 20 octobre, les tribunes du Conseil de Ville biennois seront sans doute prises d’assaut: employés de la Ville, actrices et acteurs culturels et représentants du monde sportif viendront écouter les débats dont l’issue est incertaine. Au menu: «Substance 2030», le programme d’assainissement qui prévoit d’économiser 25 millions par an dès 2026. Et au-delà, l’avenir des finances publiques biennoises. Hausse des impôts. Premier enjeu: les impôts. Le Conseil municipal propose de faire passer de 1,63 à 1,78 la quotité d’impôt. La mesure est forcément impopulaire, mais c’est elle qui semble avoir le plus de chances de passer la rampe au Parlement. «C’est la moins pire des solutions. La mesure la plus sociale et équitable pour assainir une partie des finances publiques, puisque l’impôt est progressif», estime par exemple la coprésidente du Parti socialiste romand (PSR) Marie Moeschler. Avis largement partagé à gauche, sauf au Parti du Travail (PdT). «Une hausse des impôts dans la situation économique d’aujourd’hui est très contreproductive. Le système économique est basé sur la consommation et les investissements. En augmentant les impôts, ces deux facteurs sont freinés», affirme le conseiller de Ville Peter Heiniger. La conseillère de Ville du Parti radical romand (PRR) Natasha Pittet réserve encore sa position. «Nous accepterons une hausse des impôts seulement si le budget est amélioré. Nous attendons un parallélisme des efforts et comptons bien sûr aussi sur un retour rapide au taux d’imposition initial.»

L’UDC fixe des exigences encore plus élevées: «Une augmentation des impôts pourra uniquement être envisagée lorsque le Municipal présentera une stratégie financière claire et, au travers de mesures d’économies, nous prouvera sa capacité à épargner», prévient son président Patrick Widmer.

Mesures d’économies

Autre enjeu majeur: les 160 mesures d’économies prévues dans «Substance 2030». Elles feront encore l’objet d’analyses détaillées des groupes parlementaires, mais certaines tendances semblent déjà se dégager. Le président des Vert.e.s Stefan Rüber est catégorique: «Nous défendrons les prestations de la Ville qui sont importantes pour sa diversité. Il s’agit par exemple de la garde des enfants, de l’école, du bilinguisme et des projets d’intégration, tout comme la culture et les clubs sportifs.» Le chef du groupe socialiste alémanique Levin Koller est tout aussi ferme: «Il est hors de question pour nous de réduire le nettoyage des rues, la culture, la formation, les logements coopératifs et les prestations pour les familles. Nous combattrons résolument les coupes dans les institutions, comme par exemple la place de jeux Robinson ou la Villa Ritter, ainsi que la suppression du bureau des objets trouvés, de la Police des marchés ou du SIP.» Position plus nuancée des Verts’libéraux: «Il est important que les économies soient honnêtes et qu’elles conduisent effectivement à un allègement des charges et non à un simple transfert des coûts vers un autre poste», explique son chef de groupe Dennis Briechle.

L’UDC ne devrait pas non plus forcément approuver toutes ces mesures d’économies. «De petites institutions ne seront plus viables avec la réduction de leurs subventions pendant que les grandes institutions culturelles ne participent, une fois de plus, aucunement à l’assainissement des finances biennoises», déplore Patrick Widmer. Il est donc à prévoir que de nombreux amendements seront déposés pour modifier ce paquet de mesures d’économies.

Avenir

Quelle que soit l’issue des débats qui s’annoncent tendus, c’est l’avenir même des finances biennoises qui sera en jeu. Les discussions devraient donc être l’occasion d’ouvrir un vaste chantier. «La Ville doit revoir de fond en comble son organisation et ses structures pour alléger les coûts. Par exemple, certaines tâches peuvent probablement être externalisées», estime Natasha Pittet. Il en va selon elle de l’attractivité économique de Bienne. Pour Levin Koller (PS), Bienne devrait s’inspirer de la Ville de Berne. «Bienne ne pourra résoudre durablement le problème des recettes que si celles-ci augmentent à moyen terme. Pour ce faire, elle doit maintenant investir dans la construction de logements urbains afin de pouvoir bénéficier de recettes continues d’ici 5 à 10 ans.» Une politique financière que Marie Moeschler (PSR) et Peter Heiniger (PdT) résument d’une même phrase: «Il faut avoir le courage d’investir beaucoup plus!» Selon l’écologiste Stefan Rüber, le Conseil municipal est déjà sur la bonne voie. «Il doit continuer à renforcer Bienne en tant que lieu d’habitation et de travail attractif et poursuivre une politique foncière durable.» Avis du Vert’libéral Dennis Briechle: «Il faut une meilleure prise de conscience des coûts et un examen des tâches assumées par la Ville de Bienne. Cela ne devrait pas être une tâche unique, mais une mission permanente de l’Exécutif.»

Quant à l’UDC, elle reste fidèle à ses recettes: «Un frein à l’endettement grâce à une stratégie financière à moyen terme axée sur le maintien d’un service public minimal et sur une réduction des subventions linéaires pour toutes les institutions», martèle Patrick Widmer.

Si le budget 2023 devait être accepté par le Conseil de Ville, il sera ensuite soumis en votation populaire en novembre. En cas de rejet, le Conseil municipal devra alors soumettre une nouvelle mouture au Parlement, puis au Souverain. Un nouvel échec signifierait alors que la Ville de Bienne serait placée sous la tutelle du Canton.

Source: BIEL BIENNE